Espagne Passion Française

L’Espagne, passion française (1936-1975)

A propos de l’ouvrage « L’Espagne, passion française (1936-1975). Guerres, exils, solidarités » Editions Les Arènes, Paris, 2015

Quatre membres de Caminar ont lu le livre “L’Espagne, passion française (1936-1975). Guerres, exils, solidarités” conçu et écrit par Geneviève Dreyfus-Armand et Odette Martinez-Maler, et ils vous en parlent, chacun à sa manière.

Emmanuel Dorronsoro (Bordeaux)

Ce livre-album révèle des traces intimes de l’engagement de nos parents et grands-parents, liées à leurs histoires personnelles qui convergent toutes vers le drame de la Guerre d’Espagne et ses conséquences.

Geneviève et Odette nous invitent à une relecture originale de ce qui fut  “non pas “une folie collective” mais bien un affrontement social et politique entre deux projets de société fondamentalement opposés. L’intimité que ce livre entretient avec les acteurs ne nuit en rien à la complexité historique que les auteures développent tout au long de l’ouvrage.

Français volontaires pour aller combattre aux côtés de la jeune République espagnole ou Résistants de l’Exil espagnol luttant au coude à coude avec les Résistants français contre le fascisme et le nazisme, ils ont construit ensemble, dans toute leur diversité, une histoire partagée, guidée par des enthousiasmes et des convictions inébranlables.

Remarquable !…

Amada Rousseaud-Pedrola (Limoges)

Je ne suis ni historienne, ni poéte, ni écrivain, mais j’ai lu avec un grand intérêt le livre de Geneviève et Odette.

J’ai retrouvé des témoignages qui m’ont rappelé ce que ma mère me racontait, puisqu’elle était elle-même militante engagée; j’ai aussi appris des non-dits et par quelques documents j’ai apporté mon ” grain de sable” à l’édifice.

C’est un très beau livre, très bien construit et présenté, que  nous devrions tous avoir en notre possession.

Jean Vaz (Decazeville)

Les différents hommages rendus à ce « bijou » ont déjà loué la  rigueur, l’honnêteté des analyses, la qualité des documents, des témoignages, des photos, l’originalité de la  présentation, la volonté  didactique, autant d’éléments qui font de ces « fragments d’histoires partagées », un ouvrage très  important. Une somme indispensable pour entrer dans l’intimité des mémoires de ceux qui ont vécu l’exaltante et douloureuse histoire de cette république espagnole de « tous les espoirs » brisée par une longue guerre meurtrière qui  s’achèvera par la victoire d’une impitoyable coalition fasciste qui jettera près de 500 000 espagnols dans un humiliant exode et qui instaurera en Espagne une féroce dictature de presque 40 ans.

Dans cette France, pays des libertés et des droits de l’homme,  ceux qui pendant près de trois ans ont combattu pour une société idéale de liberté et de justice sociales seront internés dans des camps de concentration où malgré de très difficiles conditions de vie,  les forces politiques et syndicales se réorganisent, où la lutte reprend, lutte contre le fascisme qui se poursuivra sous plusieurs formes jusqu’à la Libération en France et dans les guérillas en Espagne jusqu’aux années 50. Et cet exil que beaucoup croyaient provisoire deviendra définitif après l’inacceptable reconnaissance de Franco par l’ONU en 1955. Mais le combat pour les idées et pour la sauvegarde de l’identité des réfugiés continuera. Jusqu’aux années 70 les différentes composantes de l’exil maintiendront une intense activité culturelle, poursuivront leur aide aux prisonniers politiques et leur participation clandestine à la reconstruction politique et syndicale en Espagne.

La conception du livre, sa construction en font un document unique. Aucun ouvrage n’avait jusqu’ à présent mis en lumière  avec autant de force, avec autant d’authenticité, avec une volonté d’objectivité évidente ce qu’ont été les parcours de cette génération d’Espagnols au courage orgueilleux face aux balles, face au déracinement, aux enthousiasmes inébranlables, à la dignité imperturbable. Après certainement de longues et difficiles recherches, le choix de documents, photos et témoignages variés, complémentaires, équilibrés fait de ce  livre-album non pas un livre de souvenirs mais un livre de vie.

Pour les nombreux fils et filles, petits-fils, petites filles qui sommes restés fidèles aux idéaux que cette génération a défendu avec obstination, ce livre est notre histoire, nous reconnaissons nos parents, nos grands-parents à toutes les pages. Ils sont et resteront vivants.

Geneviève et Odette, c’est avec une grande émotion que nous vous remercions, vous avez écrit là plus qu’un livre d’histoire.

Jean Ortiz (Pau)

« Et quand viendra le jour du dernier voyage,

quand partira la nef qui jamais ne revient,

vous me verrez à bord, et mon maigre bagage,

quasiment nu, comme les enfants de la mer »

Antonio Machado (Vers gravés sur sa tombe, à Collioure)

          Il y a des livres qui tombent tellement à point que l’on pourrait soupçonner leurs auteurs d’avoir voulu « faire un coup ». Les deux auteures (modestement éminentes) ne sont pas de cette crèmerie-là. Geneviève Dreyfus-Armand et Odette Martinez-Maler viennent d’enfanter une « joya », un petit bijou, sur la Guerre d’Espagne, l’exil, l’anti-franquisme…

Ce livre restera comme un livre -en réalité un album- de référence. Les deux historiennes ne versent à aucun moment dans le « révisionnisme » si à la mode. Elles font preuve d’une hauteur de vue, d’une rigueur, d’une honnêteté qu’il convient de souligner ; d’autant plus en ces temps aux relents de nouvelle « guerre froide », d’essor de la pensée «néocon», de floraison de stéréotypes, de visions partielles et partiales, de prismes déformants, de criminalisation fréquente de tout un pan de l’antifascisme…

Il est temps que nous assumions (source de richesse), nous « enfants de la légitimité », qu’il y a plusieurs mémoires antifascistes de la Guerre d’Espagne : anarchiste, communiste, poumiste, socialiste, azañiste… etc., toutes respectables, légitimes, singulières. Elles méritent non que « l’on se rejoue en permanence la Guerre d’Espagne », que l’on ressasse les mêmes lieux communs stériles et stigmatisants, mais au contraire que l’on étudie ces histoires et ces mémoires dans leur contexte, dans leurs origines et compositions sociales, leurs apports, leurs spécificités, leurs stratégies, leurs affrontements, leur combat commun… Et que l’on sorte enfin des effets -anti-historiques- de balancier version « guerre idéologique » : « on a perdu la guerre parce que les communistes…» ; d’autres fois « les anarchistes »… Il est facile et politicien de projeter rétrospectivement des concepts et des schémas sur les réalités de telle ou telle époque.

Geneviève Dreyfus-Armand et Odette Martinez-Maler ne tombent à aucun moment dans un manichéisme néfaste et clivant. L’affrontement principal opposait en Espagne 36 le fascisme (bien aidé par les faussement «non-interventionnistes ») à la démocratie (aux différents courants : « bourgeois », républicain, social, révolutionnaire…), prélude à la Deuxième Guerre mondiale. Cette dernière commence en réalité en Espagne. Tel est le vrai fil continué de cette histoire partagée, transfrontalière, surtout dans le Grand Sud-Ouest, où « les guitares de l’exil », mon vieux Léo, « sonnaient parfois comme un clairon ».

L’accueil sous le statut d’ « indésirables », dans des conditions inhumaines, infâmes, de 475.000 réfugiés espagnols, reste le grand traumatisme de la mémoire républicaine. Trahison, exclusion, internement, mépris, humiliation, pour ces premiers combattants antifascistes exilés. Nous, les fils, les petits-fils (filles), nous portons encore ces traumatismes, ces fractures, ces colères… Et lorsque nous sommes confrontés aux problèmes migratoires d’aujourd’hui, nous nous demandons si certains ont vraiment tiré les leçons de l’histoire. Dans l’affrontement entre les courants humanistes, solidaires, généreux, issus des Lumières, de la Révolution française, et les courants xénophobes, de rejet, de haine, de peur de l’autre, se joue, aujourd’hui comme hier, le visage et l’avenir de la France. Hier comme aujourd’hui, dénoncer « l’autre », hier le communiste, le juif, le « rouge » espagnol, aujourd’hui l’« l’étranger », comme responsable de la crise, conduit au pire…

Les Républicains et antifascistes espagnols ont été longtemps exclus de la mémoire historique, en France comme en Espagne. En nous réappropriant peu à peu cette histoire, à travers de nombreuses associations, amicales, nous avons engagé un combat décisif.

Les deux auteures d’Espagne, passion française, portent sur l’exil des analyses justes, équilibrées. L’album nous offre une quantité sans précédent de documents inédits, de témoignages, de textes, d’analyses, de photos remarquables, et une iconographie flamboyante. Le tout dans une présentation claire, une édition soignée et un grand souci didactique.

Un ouvrage salutaire dans le moment dangereux et décisif que nous vivons.

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