Joseph Almudever

Joseph Almudever / Josep Eduard Almudéver Mateu

Le dernier des Brigadistes vient de nous quitter

Nous avons l’immense regret de vous faire part du décès de Joseph Almudever, dernier brigadiste français et membre de l’association Mémoire, Résistance en Ariège, Solidarité Transfrontalière (MRAST) à l’âge de 102 ans. Il avait été des nôtres aux journées de Caminar…

Un combattant de la guerre d’Espagne engagé dans la lutte pour la Vérité, la Justice et les Réparations

…en octobre 2019 à Toulouse et s’était exprimé avec toute la verve que nous lui connaissions.
Un ami, un camarade s’en est allé.
Ceux qui étaient présents ce 27 octobre 2016 se souviendront de Joseph poing levé et de son drapeau des Brigades Internationales. Nous avions filmé ce moment que vous pourrez revivre ci-dessous :


Il avait accepté d’échanger à la tribune sur son parcours de combattant au service de la République :

Biographie de Josep Eduard Almudéver Mateu

Joseph est né le 30 juillet 1919 à Marseille. Il est un des fils de Vincent Almudever, maçon immigré économique arrivé en France en 1914 et de Adèle, Cécile Mateu, artiste de cirque. Elle abandonne son métier à la naissance de Joseph. Il a deux frères nés à Lodève. Il est le cadet d’un troisième frère, Vincent né à Narbonne en 1917. Ce dernier a aussi combattu dans les rangs de l’armée républicaine et en particulier sur le font de l’Ebre avant de connaître les horreurs des camps de concentration français du Barcarès et de Gurs. La famille va revenir en Espagne pour séjourner à Alcacer pendant un an. C’est le village natal du père, situé dans la province de Valence. Puis ils rejoignent le père au Maroc en mars 1930. En mars 1931, c’est le retour à Alcacer pour des raisons de santé de la mère de famille.
La monarchie espagnole vit ses derniers instants. Et le 12 avril suivant, c’est le verdict des élections municipales. Alphonse XIII part en exil. le 14 avril 1931, la IIe République est proclamée. C’est le début de la période réformiste qui va prendre fin lors des législatives anticipées de 1933. Joseph a 12 ans et fréquente l’école jusqu’en juillet 1932. Ensuite, il travaille dans l’agriculture et la maçonnerie jusqu’en 1936.
En octobre 1934, a lieu la récolte des mineurs des Asturies suivie de la terrible répression dirigée par la droite au pouvoir. Cet épisode va marquer profondément le jeune Joseph.
Le 16 février 1936, la gauche espagnole, sous la bannière du Front populaire remporte les élections législatives.
En mai 1936, Joseph participe à la création des Jeunesses Socialistes Unifiées. Mais, le 18 juillet 1936, des généraux putschistes déclenchent la guerre d’Espagne. Depuis le 16 juillet déjà, les villages se barricadent, le gouvernement semble ne rien voir venir.
Le 15 août, Joseph, 17 ans, s’engage dans la colonne de volontaires Pablo Iglesias, à Valence. Le 13 septembre, il se retrouve sur le front de Teruel, jusqu’au 26 juin 1937. Après avoir occupé le poste de directeur d’une coopérative alimentaire pour les hôpitaux de l’armée, il devient, en septembre de la même année, sergent instructeur à Torrent, près de Valence. En mars 1938, il est incorporé dans la 28e division sur le front de Teruel. Il est blessé le 25 avril 1938 à Corbalan.
Comme il est né en France, il se fait enrôler dans les Brigades Internationales. Et le 15 juillet 1938, il entre à la 129e Brigade Internationale dans la batterie Carlos Rosselli.
En octobre 1938 les Brigades Internationales sont retirées des lignes du front. Le gouvernement de la République espère en faisant cela que les fascistes Italiens et les nazis allemands (soutiens essentiels des franquistes) fassent de même. Peine perdue !
Sur les sept brigades présentes à Barcelone, six quittent la ville. Le 17 janvier 1939, la 129e de Joseph quitte Valence. Le 21 janvier, c’est le départ de Figueras pour la France.
Joseph est renvoyé chez lui, à Marseille, le 22 janvier 1939. Ses parents sont toujours à Alcacer. Le 5 février 1939, il s’embarque clandestinement sur un bateau anglais à destination de Valence où il débarque le 7. Le 29 mars, Valence tombe. Joseph et son père se réfugient sur le port d’Alicante. Tous les deux sont arrêtes le 30 et emprisonnés au camp de Los Almendros le 31. Le 1er avril 1939, Joseph est transféré de Los Almendros au camp d’Albatera. Le père est emprisonné à Orihuela, au Sud d’Alicante. Du 1er mai au 1er juillet 1939, Joseph est mis au cachot. Le 26 octobre 1939, le camp est désaffecté. Joseph est envoyé à la prison de Portaceli à Valence. Le 16 mars 1941, il est à la Carcel Modelo de Valence. Le 25 avril suivant, il est jugé et condamné à trente ans de prison, Mais le 25 avril 1941, sa peine est réduite à douze ans et un jour. Après un passage par la prison d’Aranjuez, il est mis en liberté conditionnelle, le 19 novembre 1942.
Sa fibre républicaine le mène jusqu’au groupe de guerilleros du Levant, en décembre 1942. Le 21 février 1947, l’état-major du groupe de Valence est arrêté. Puis, c’est le tour du groupe où se trouve Joseph. Le 16 mars 1947, sur les trois responsables de l’état-major, deux sont arrêtés et fusillés, le 16 avril 1947. Joseph en réchappe miraculeusement. Mais il est dénoncé le 9 juillet de la même année. Il ne doit son salut qu’à la lenteur d’une démarche administrative entre deux postes de la Guardia civil des villes voisines de Silla et de Picassent,
Caché à Barcelone, il apprend, le 9 août 1947, qu’il risque d’être arrêté. Il quitte Barcelone pour la France par Campredon et Prats-de-Mollo, le 12 août. Il prend l’autobus à Ille-sur-Têt et arrive à Pamiers, en Ariège, le 14 du même mois.
En France, il sera membre du PCF et militant syndical CGT durant sa vie professionnelle… Apatride, il ne retrouvera la nationalité française qu’en 2008 après une multitude de démarches. Depuis peu, il bénéficiait de la double nationalité.
A la Tour du Crieu, le 28 octobre 2011, Joseph dit « El Xiquet » a bien voulu évoquer pour l’association « Mémoire, Résistance en Ariège – Solidarité Transfrontalière » certains grands moments de sa guerre d’Espagne, Entre autres, il a évoqué le putsch fasciste mené par Franco soutenu par l’Allemagne nazie, l’Italie fasciste et le Portugal en dépit des accords de la Non-Intervention. Cette dernière était imposée par les démocraties occidentales sous l’égide de la Grande-Bretagne et de la France. Ces démocraties, tétanisées par leurs opinions publiques hostiles à la guerre, l’ont quand même eu avec plus de cinquante millions de morts et un continent entièrement dévasté.

Carmen et Joseph
« Elle m’en a rendu des Services mon épouse, si tu savais… ?! »

2 réflexions sur “Joseph Almudever / Josep Eduard Almudéver Mateu”

  1. je suis très ému de tout cela en pensant a nos parents tout ce qui ont vécu et ils ont été un exemple de courage et de gènérosite ce que il nous manque aujourd’ hui je salue ce grand Monsieur

  2. Bonjour Citoyens et CAMARADES ,
    Fils d’un RESISTANT toulousain de la première heure : “Petit-Roger” ( “mort pour la Patrie” ) qui, entre autres aida ceux qui le souhaitaient ou y étaient contrains à fuir via Perle en Ariège puis l’ Andorre et l’ Espagne , conscient que les premier(e)s à lutter contre le nazisme et ses “collaborateurs” furent les BRIGADISTES et le REPUBLICAINS espagnols rescapés de la RETIRADA j’ai, de ce fait rejoint l’une de vos ( trop nombreuses ) associations qui perdent bien trop de temps à tergiverser AU SEUL AVANTAGE de nos ennemis de classe et de “caste” !
    Lesquels (ou leurs ascendants) collaborèrent étroitement avec l’ occupant et FRANCO !!!
    Il se trouve qu’aussi, afin de me protéger mes parents me mirent sous la protection d’une famille ariègeoise au PEYRAT près de Ste-COLOMBE dans l’ Aude dont le chef de famille Georges NOT était originaire de PERLE …
    Aussi le “départ” de Josef ALMUDER me touche-t-il tout particulièrement .

    Savez-vous qu’un professeur “laïque” aquitain, à la retraite, organise des conférences , notamment dans lycées et collèges afin de faire connaître aux nouvelles générations ce que fut le coup d’état franquiste et quelles en sont ses conséquences ?…

    A échanger dès qu’il vous conviendra, recevez très cher(e)s concitoyen(ne)s et CAMARADES mes plus solidaires civilités.. CITOYENNES bien évidemment;

    Lou DESTRABAT en ce samedi 25 septembre 2021 à midi.

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