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MHRE89 / 2 – le 14 avril des associations adhérentes à CAMINAR

Dans sa seconde contribution, l’association MHRE89 explique dans quelles conditions les femmes espagnoles ont lutté pour défendre l’émancipation accordée par la IIe République.

L’engagement des femmes espagnoles dans la lutte antifranquiste

Comme l’a rappelé MHRE89 précédemment, l’avènement de la seconde République (14 avril 1931) a permis l’émancipation des femmes espagnoles de toutes conditions qui auront une situation sociale parmi les plus avancées d’Europe.

On a vu qu’elles s’engagent dans la République, s’organisent et luttent pour imposer leurs droits.

Ces femmes vont participer activement à la défense de leurs acquis républicains. Le franquisme leur fera payer très cher.

La guerre (1936-1939)

Le 18 juillet 1936, c’est le soulèvement des généraux factieux.

Aussitôt, toutes les forces fidèles à la République se mobilisent dans des milices de volontaires (soit 1/3 de l’armée et la garde d’assaut, les syndicats ouvriers et paysans, les partis de gauche) pour faire face aux troupes rebelles. C’est le début de la guerre.

Les femmes au front

La guerre entraine des dizaines de milliers de femmes de toutes conditions, mais surtout des classes populaires à prendre une part importante dans l’organisation de la défense de la République, à partir de leurs propres mouvements.

Des femmes s’engagent spontanément dans les milices et combattent auprès des hommes (2000 femmes dans l’armée régulière et 500 brigadistes internationales). Des milices féminines sont constituées comme en Catalogne.

A partir de septembre 1936, la nouvelle organisation de l’armée républicaine entraine le retrait des femmes des unités combattantes. Cependant, les plus engagées resteront au front. Un nombre important de ces femmes combattantes accèderont à tous les grades militaires, y compris commandante.

Parmi quelques grandes figures féminines combattantes, citons quelques noms :

  • Marina Ginesta à Barcelone et à Madrid, immortalisée le fusil à l’épaule.
  • Josefa Inglès Gomila, qui fut l’une des 160 femmes de la Colonne Durruti. Conductrice de chars, elle prit part aux combats de Barcelone, puis partit sur le front d‘Aragon.
  • Lina Odena, militante communiste qui rejoint les groupes combattants et meure sur le front de Grenade en septembre 1936, à 25 ans.
  • Mika Etchebéhère, milicienne du POUM, élue capitaine d’une colonne des troupes de l’armée républicaine en remplacement de son mari mort au combat. Elle s’illustre par sa bravoure, son sens du commandement et de la justice.

D’autres femmes participent au soutien à la République en participant à des meetings politiques ou à des collectes de fonds : Dolorès Ibarruri, La Passionaria, députée aux Cortès qui lança le slogan « No pasaran » (ils ne passeront pas) ou Federica Montseny, ministre libertaire, citée par Ivan.

Le retour à l’arrière des femmes ne signifie pas pour toutes, le retour au foyer. Les miliciennes comme les femmes qui n’étaient pas montées au front se retrouvent dans les usines, dans les champs pour continuer l’effort de guerre. Elles restent auprès des armées pour des taches liées à la logistique. Elles sont infirmières, couturières…Elles s’occupent des blessés et des enfants en créant des écoles et des structures d’accueil.Les femmes qui ont combattu pour la Seconde République se verront appliquer une répression spécifique, beaucoup plus cruelle que celle appliquée aux hommes. Le franquisme s’est acharné sur elles.Après la guerre, on retrouve ces combattantes aux cotés des maquis antifranquistes, dans la diffusion des journaux clandestins, dans leur mobilisation pour subvenir aux besoins des enfants…

Les lendemains de la guerre (1939-1945)

Après la défaite républicaine, elles connaissent tragiquement la retirada (fuite vers la France) et les camps. Avec l’exil, elles ont tout perdu.

Des femmes s’organisent pour venir en aide aux exilés, comme les militantes libertaires au sein de la Solidarité Internationale Antifasciste (SIA), ou les communistes au sein du Secours Rouge.

Dans toute la France, des femmes espagnoles sont entrées en résistance, dans le maquis, où elles se battirent et moururent les armes à la main, comme agents de liaison, parfois dans les réseaux interrégionaux, elles ont sillonné le pays, prenant des risques inouïs pour sauver la liberté du peuple français et la leur. Un slogan : « Libérer la France pour libérer l’Espagne ».

Des exemples :

Neus Catala, entrée dans la résistance française du coté de Périgueux en tant qu’agent de liaison. Arrêtée, elle est sauvagement torturée, mais reste silencieuse et sauve la vie de nombreux compagnons. Elles seront nombreuses à suivre cette conduite héroïque.

Dans l’Yonne, la Tarraconaise, Maria Merino Bergano, réfugiée à Villemanoche en 1939, internée au camp de Saint Maurice aux Riches Hommes, a participé à une première forme de résistance dans les camps.

Beaucoup d’entre elles furent déportées notamment au camp de Ravensbrück. Comme leurs compagnons déportés, les Espagnoles ont été exemplaires par leur sens du groupe et de la solidarité, leur envie de vivre malgré tout. Elles organisent la résistance dans les camps et au travail (notamment avec des actes de sabotage).

Citons ; Mercedes Nunez TARGA, Résistante et déportée à Ravensbrück (secrétaire de Pablo Neruda).

Ce n’est qu’à la Libération, pour celles qui auront survécu, que les autorités françaises et alliées leur rappelleront leur état d’exilées, au moment de faire valoir pleinement leurs droits.

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