Affiche RTF

Manifeste des XIes RTF de Port-Bou

Sous le titre “UNE MÉMOIRE POUR LA CONSTRUCTION ET LA DÉFENSE D’UNE SOCIÉTÉ DÉMOCRATIQUE”, nous publions ci-dessous le texte définitif, en Français, en Espagnol et en Catalan. Il est issu de la mise à jour du Manifeste des associations participantes aux RTF de Port-Bou en octobre 2022.

En cliquant ici, vous pouvez télécharger la version PDF du manifeste.

Version française

UNE MÉMOIRE POUR LA CONSTRUCTION ET LA DÉFENSE D’UNE SOCIÉTÉ DÉMOCRATIQUE

Il y a un an, les Xe Rencontres Transfrontalières des Associations de Mémoire se sont déroulées dans la ville française de Mauléon. Elles ont permis de débattre de la place de la Mémoire dans une société démocratique menacée par la présence de discours, d’attitudes et de comportements d’extrême droite. Elles ont affirmé que la mémoire historique doit être l’axe sur lequel doit reposer une société fermement et sincèrement démocratique basée sur trois éléments qui ont été longuement traités : (1) une loi de mémoire historique et démocratique qui inclue l’abrogation ou tout  au moins la modification de la loi d’amnistie de 1977, qui envisage la constitution d’une commission Vérité et qui n’ignore pas le droit à pleine réparation des victimes ; (2) le développement nécessaire et incontournable de diverses mesures concernant les programmes scolaires , l’organisation et la formation dans le domaine de l’éducation  afin que soient respectées les dispositions du projet de loi sur la mémoire en cette matière  et qu’elles s’appliquent de façon effective ; et (3) l’engagement et la lutte pour l’égalité des sexes, contre l’idéologie patriarcale, fondés sur la conviction que la mémoire démocratique ne le sera véritablement que si elle est ouvertement féministe..

Aujourd’hui, un an plus tard, lors de la XIe Rencontres transfrontalières, qui se sont tenues dans la ville de Port-Bou, nous sommes conscients que cette menace de l’extrême droite s’est accentuée et s’est manifestée d’une manière frappante. Les résultats des élections présidentielles en France et législatives en Italie ont confirmé la montée de l’extrême droite, d’une inspiration clairement fasciste s’agissant de l’Italie. Cette dernière rejoint la Hongrie, la Pologne et la Slovaquie au sein d’une Union européenne qui, par ses politiques ultralibérales, au service du capitalisme, a empêché la construction d’une Europe sociale et démocratique et porte une lourde responsabilité dans la montée de l’extrême droite. Il est vrai que les élections législatives en France ont donné un résultat différent puisque la gauche, la Nouvelle Union Écologique et Sociale, « NUPES », basée sur un « Programme Partagé de Gouvernement », a pris la deuxième place en obtenant 131 sièges. Cependant, pour la première fois, l’extrême droite a remporté 89 sièges, de sorte que sa progression s’intensifie à chaque élection, tout comme le taux d’abstention. C’est une caractéristique dominante des élections en Europe, qui va de pair avec l’aggravation de la situation sociale, le déficit de confiance et des modèles politiques reliés à des politiques gouvernementales de moins en moins démocratiques et sociales. Pendant ce temps, au Chili, la gauche a réussi à remporter la victoire électorale, et au Brésil, Lula da Silva a obtenu le pourcentage le plus élevé des voix, insuffisant toutefois pour l’emporter au premier tour.

Pour autant non seulement ce danger demeure, mais grandit de jour en jour, dans un contexte de crise sociale, économique et écologique exacerbée et accélérée par l’invasion russe de l’Ukraine, également à l’origine d’une crise humanitaire majeure, avec des millions de réfugiés fuyant leur pays, ce qui a mis en évidence la duplicité de l’Europe dans le traitement de l’immigration et des réfugiés.

C’est précisément dans cette conjoncture que la Mémoire Historique, Démocratique et Antifasciste, liée à la défense et la promotion des Droits de l’Homme, doit se déployer comme antidote aux discours de haine et d’exclusion.  Elle doit devenir la conscience démocratique d’une société qui saura ainsi s’opposer aux tentatives de ceux qui veulent exclure et expulser tous ceux qui ne rentrent pas dans leur étroit moule raciste, hétéro-patriarcal et réactionnaire. Elle doit également s’opposer à ceux qui blanchissent ces discours ou les banalisent, comme cela s’est produit récemment en France avec l’interview de Pío Moa et la publicité donnée à ses mensonges sur la République et la guerre. Prenant prétexte de l’adoption de la Loi de la Mémoire, d’autres auteurs ont pu longuement, sans être contredits ni censurés, développer des thèses révisionnistes remettant en question des faits établis de façon définitive par l’ensemble des historiens.

C’est pourquoi il est regrettable qu’en Espagne le projet de loi sur la Mémoire Démocratique soit resté paralysé par un long et exaspérant processus parlementaire. Il a été finalement approuvé au Sénat malgré l’opposition de toute la droite qui depuis longtemps menace de l’abroger dès qu’elle reviendra au pouvoir. Il est essentiel que les dispositions de cette loi soient mises en application dès qu’elle entrera en vigueur et qu’un budget suffisant garantisse son effectivité.

C’est dans ce contexte marqué par les incertitudes et les dangers que nos associations mémorielles se sont à nouveau réunies, cette fois à Port-Bou, les 7, 8 et 9 octobre 2022, pour poursuivre leur travail de proposition et d’élaboration collective au service de la Mémoire Historique, Démocratique et Antifasciste.  Leur volonté commune est de contribuer par leur action et leur réflexion à faire de la Mémoire l’un des piliers sur lesquels se consolideront des sociétés démocratiques, ouvertes et plurielles qui protègeront chacun de leurs membres sans exclusion ni exploitation d’aucune sorte.

Au cours de ces journées, nous avons débattu des lieux de mémoire frontaliers comme espaces de rencontre et de transmission de la vérité, des archives comme lieu de réception et de construction de cette mémoire. Nous avons également rappelé l’action menée sous la Seconde République espagnole pour abolir la prostitution et nous nous sommes penchés sur l’indispensable transmission intergénérationnelle de la Mémoire.

Cela étant dit, nous entendons affirmer :

1. Que les différentes administrations et associations mémorielles doivent initier et mettre en œuvre leurs projets et leurs actions de façon coordonnée, chacune dans leur cadre propre, afin d’éviter des chevauchements ou des comportements susceptibles de générer parfois, au-delà des frustrations, la remise en cause de domaines d’intervention nécessaires à la survie des associations.

2. Que les archives et leur accès libre sont un élément clé pour la construction de la Mémoire et pour la récupération des paroles perdues, la Mémoire Historique ayant pour mission de les mettre au jour.  L’engagement des Administrations compétentes en la matière à fournir des ressources humaines et économiques aux Archives Publiques est incontournable, afin de leur permettre de remplir cette tâche élémentaire. Il en est de même du soutien financier aux associations afin qu’elles puissent conserver leurs fonds d’archives. Les archives sont un espace totalement indispensable à la construction et à la vie d’une société démocratique reposant sur le droit à l’information et, surtout, sur l’accès à cette information, constituée de documents et de collections qui appartiennent en fin de compte à tous les citoyens. Les associations exigent la préservation et la protection de ce patrimoine conformément aux réglementations internationales sur les archives et les droits de l’homme. Grâce à leur vigilance et aux actions qu’elles impulseront les associations de mémoire doivent jouer un rôle fondamental pour veiller à ce que les Administrations remplissent leur mission et fassent des archives cet outil pédagogique contre l’oubli et le révisionnisme que réclamait Pablo de Greiff.

3. Que nous devons également défendre la voix des femmes et revendiquer comme principe d’articulation d’une société pleinement démocratique celui de la sororité qui, avec celui de l’égalité, a inspiré de nombreuses femmes à lutter contre les modèles traditionnels qui cherchaient à les reléguer à un rôle secondaire et subordonné. Les actions de la Deuxième République, avec ses réalisations, qui ne sont pas éclipsées par les ombres qui existent aussi, sont une référence et une source d’inspiration pour nourrir les forces avec lesquelles affronter les défis de notre époque.

4. La question éducative, toujours présente dans les différentes Rencontres Transfrontalières, a progressé grâce au travail des associations, bien que la Mémoire soit encore loin d’être l’axe éducatif que nous réclamons. En ce sens, la loi récemment approuvée constitue une opportunité à ne pas gâcher et les associations seront particulièrement vigilantes à ce qu’elle soit appliquée et que soient mises en œuvre ses dispositions. Ainsi, les programmes scolaires, les programmes de formation des enseignants et la possibilité de créer des équipes interdisciplinaires composées d’enseignants et d’associations de mémoire pour faciliter la connaissance des valeurs républicaines peuvent être des instruments permettant d’atteindre et améliorer les objectifs fixés par la loi. Il serait également souhaitable de créer une banque de ressources pédagogiques pour faciliter la connaissance des expériences et des matériels produits dans tout l’Etat.

Une société n’est pas démocratique en soi, au contraire ses membres doivent être constamment en alerte et doivent lutter pour préserver ses valeurs démocratiques, pour avancer chaque jour et transmettre aux générations futures cette conscience forgée à partir des milliers d’expériences de ceux qui nous ont précédé, qui ont lutté et sont morts pour avoir voulu un monde libre et démocratique. Leur exemple, leur histoire, leurs noms… doivent être rappelés car ils sont le vaccin qui immunisera notre société d’aujourd’hui contre le virus de la haine dont l’extrême droite a besoin pour grandir et triompher.

Les associations mémorielles ici réunies, en tant qu’associations dotées d’une conscience critique et d’un esprit participatif qui les poussent à agir au sein des sociétés dans lesquelles elles vivent et se développent, ne peuvent ni ne doivent rester silencieuses face à la dégradation de la démocratie dans leurs pays (tant en France qu’en Espagne) et dans le monde. Pour cette raison, elles font un appel pour la paix, la cessation de toute violence, en faveur d’une solution pacifique des conflits promouvant le désarmement et le dialogue comme moyens de construire un avenir meilleur pour les générations futures.

La démocratie est en danger parce que ceux qui n’y croient pas tentent de la renverser en tenant des discours de haine et d’intolérance, messages dirigés contre ceux et celles qui ont combattu par le passé, les combattants de la liberté, dont nous voulons préserver et étendre la mémoire. Nous, qui savons parce que d’autres l’ont vécu et nous ont légué leur mémoire, devons dès lors crier haut et fort, comme le disait Primo Levi, que « le fascisme est un cancer qui se propage rapidement et nous menace d’une récidive : est-ce trop demander que de nous y opposer dès ses prémisses ? ”

Portbou, 9 octobre, 2022

ENTITES SIGNATAIRES : ACEPF (Associació Catalana d’Expresos Polítics del Franquisme); AFFNA36 (Asociación de Familiares de Fusilados de Navarra36); Amical Antics Guerrillers de Catalunya; Amical de les Brigades Internacionals de Catalunya; Amical de Mauthausen y otros campos y de todas las víctimas del nazismo de España; Amical du Camp de Gurs ; Asociación Txinparta-Fuerte San Cristóbal RMC; Ay Carmela ; Caminar (Coordination Nationale d’Organisations Mémorielles des Descendants et Amis de l’Espagne Républicaine) ; Coordinadora Provincial por la Recuperación de la Memoria Histórica de Burgos ; En Medio de Abril; Fundación 14 de abril; Fundación Bernardo Aladrén; La Barranca, Asociación para la Preservación de la Memoria Histórica en La Rioja; MER 64 ; MER 47 ; PAMA (Plataforma de Acción por la Memoria de Aragón); Passatges de Cultura Contemporànea; TML (Terres des Mémoires et de Luttes) ; Universidad Ciudadana de Huesca.

Version espagnole

MEMORIA PARA LA CONSTRUCCIÓN Y DEFENSA DE UNA SOCIEDAD DEMOCRÁTICA

Hace un año, el X Encuentro Transfronterizo de Entidades Memorialistas, celebrado en la localidad francesa de Mauléon, sirvió para debatir sobre el lugar de la Memoria en una sociedad democrática que se ve amenazada por la presencia de discursos, actitudes y comportamientos de extrema derecha, concluyendo que la memoria histórica debe ser el eje sobre el que asentar una sociedad decidida y sinceramente democrática a partir de tres elementos que se trabajaron ampliamente: (1) una Ley de Memoria Histórica y Democrática que incluya la derogación o, al menos, la modificación de la Ley de amnistía de 1977, que contemple la constitución de una Comisión de la Verdad y que no ignore el derecho a una reparación integral de las víctimas; (2) el necesario e ineludible desarrollo de diversas medidas curriculares, organizativas y formativas en el ámbito educativo, de forma que se cumplan las previsiones que en materia educativa contiene el proyecto de Ley de Memoria; y (3) el compromiso y la lucha por la igualdad de género, contra la ideología patriarcal, a partir de la convicción de que la memoria democrática solo podrá ser tal si es abiertamente feminista.

Ahora, un año después, en el XI Encuentro Transfronterizo, celebrado en la localidad de Portbou, somos conscientes de que esa amenaza de la extrema derecha se ha agudizado y se ha manifestado de forma impactante. Los resultados de las elecciones presidenciales en Francia y legislativas en Italia han confirmado el ascenso de la extrema derecha, de inspiración claramente fascista en el caso de Italia, uniéndose a los casos de Hungría, Polonia y Eslovaquia en el seno de una Unión Europea que tiene una gran responsabilidad en el ascenso de la extrema derecha por sus políticas ultraliberales al servicio del capitalismo, impidiendo la construcción de una Europa social democrática. Es cierto que las elecciones legislativas en Francia fueron de signo muy distinto, ya que la izquierda, la Nueva Unión Ecológica y Social, “NUPES”, sobre la base de un “Programa Compartido de Gobierno”, se hizo con el segundo lugar al obtener 131 escaños; no obstante, por primera vez laextrema derecha logró 89 escaños, de forma que el ascenso de la extrema derecha se intensifica con cada elección, al igual que el índice de abstención. Es una característica dominante de las elecciones en Europa, que va de la mano del empeoramiento de la situación social, la pérdida de confianza y los referentes políticos ligados a las políticas gubernamentales cada vez menos democráticas y sociales. Mientras tanto, en Chile la izquierda consiguió alzarse con el triunfo electoral, y en Brasil Lula da Silva ha obtenido el mayor porcentaje de voto, aunque insuficiente para ganar en la primera vuelta. Pero el peligro no solo permanece, sino que crece día a día, en un contexto de crisis social, económica y ecológica que se ha visto agudizado y acelerado por la invasión rusa de Ucrania, que ha generado, además, una importante crisis humanitaria, con millones de personas refugiadas huyendo de su país, lo que ha servido para poner de manifiesto el doble rasero europeo al tratar el asunto de la inmigración y las personas refugiadas.

Es precisamente en esta coyuntura en la que la Memoria Histórica, Democrática y Antifascista, que entronca directamente con la defensa y promoción de los Derechos Humanos, ha de desplegarse como antídoto frente a los discursos del odio y la exclusión; ha de convertirse en la conciencia democrática de una sociedad que sepa así oponerse a los intentos de quienes quieren excluir y expulsar a todas las personas no encajan en su estrecho molde racista, heteropatriarcal y reaccionario. También debe oponerse a quienes blanquean esos discursos, o los banalizan, como ha sucedido recientemente en Francia con la entrevista a Pío Moa y la acogida de sus falsedades sobre la República y la guerra, o las argumentaciones en contra de la Ley de Memoria, fundadas en el revisionismo de autores que cuestionan los hechos ya acreditados por la historiografía, permitiendo que se expandan sin objeciones ni cortapisas.

Por eso, es lamentable que en España el proyecto de Ley de Memoria Democrática haya permanecido estancado en una larga y exasperante tramitación parlamentaria, ahora por fin aprobado en el Senado, si bien con el voto en contra de toda la derecha, que ya lleva tiempo amenazando con derogarla en cuanto llegue al gobierno. Una vez entre en vigor, es imprescindible que empiecen a aplicarse sus preceptos y que se dote presupuestariamente para hacer realidad sus previsiones.

En este marco de incertidumbres y peligros, las entidades memorialistas nos hemos vuelto a reunir, esta vez en Portbou, los días 7, 8 y 9 de octubre de 2022, para seguir trabajando en la propuesta y elaboración colectiva en materia de Memoria Histórica, Democrática y Antifascista, con el deseo de aportar elementos que contribuyan a hacer de la Memoria uno de los pilares sobre los que construir nuestras democracias y consolidar así sociedades abiertas y plurales que protejan a todos y cada uno de sus integrantes sin exclusiones ni explotación de ningún tipo.

Durante estos días, hemos debatido sobre los lugares fronterizos de memoria como espacios de encuentro y de transmisión de la verdad; y sobre los archivos como lugares de memoria y de construcción de esa memoria. También hemos recordado el abolicionismo de la prostitución durante la II República española y hemos profundizado en la imprescindible transmisión intergeneracional de la Memoria.

A la vista de todo ello, queremos manifestar:

1. Que las distintas Administraciones y las asociaciones memorialistas deben trabajar coordinadamente en la puesta en marcha de iniciativas y en el desarrollo de sus acciones, cada una en el marco de sus competencias, con el fin de evitar solapamientos o comportamientos que, en ocasiones, generan frustraciones o que, incluso, pueden determinar la pérdida de espacios de trabajo necesarios para la pervivencia de las asociaciones.

2. Que los archivos y el acceso a los mismos es un elemento clave en la construcción de la Memoria y en la recuperación de las voces perdidas, de las que la Memoria Histórica ha de convertirse en el instrumento que las reivindique. Es ineludible el compromiso de las Administraciones con competencias en la materia para dotar de medios humanos y económicos a los Archivos públicos, de forma que puedan cumplir con esa labor elemental, así como en la colaboración económica para que las asociaciones puedan mantener sus fondos. Los archivos se conciben como un espacio totalmente indispensable para la construcción y el mantenimiento de una sociedad democrática a partir de la articulación del derecho a la información y, sobre todo, del acceso a esa información, compuesta por documentos y fondos que son, en definitiva, de toda la ciudadanía. Las asociaciones exigen la preservación y protección de ese legado conforme a la normativa internacional en materia de archivos y Derechos Humanos. En ese papel de vigilancia e impulso, las asociaciones de memoria han de jugar un papel fundamental para hacer que las Administraciones cumplan y hagan de los archivos esa herramienta educativa contra el olvido y el revisionismo que solicitaba Pablo de Greiff.

3. Que hay que reivindicar también las voces de las mujeres y reclamar como principio articulador para una sociedad plenamente democrática el de la sororidad, que, junto con el de la igualdad, inspiró a muchas mujeres a luchar frente a los modelos tradicionales que pretendían relegarlas a un papel secundario y subalterno. La actuación de la II República, con sus logros que no quedan empañados por las sombras que también hay, supone una inspiración a partir de la cual alimentar las fuerzas con las que afrontar los desafíos que nos plantea nuestro tiempo presente.

4. La materia educativa, siempre presente en los diversos Encuentros Transfronterizos, ha ido avanzando merced al trabajo de las asociaciones, aunque todavía está muy lejos de lograrse que la Memoria sea un eje educativo como venimos reclamando; en ese sentido, la Ley es una oportunidad que no puede perderse y las asociaciones estaremos especialmente vigilantes en el cumplimiento y puesta en marcha de la regulación que se contiene en la Ley recientemente aprobada. Así, el desarrollo curricular, programas de formación del profesorado y la posibilidad de crear equipos interdisciplinares formados por profesorado y asociaciones memorialistas que faciliten el conocimiento de los valores republicanos pueden ser instrumentos a utilizar para alcanzar y mejorar los objetivos marcados en la Ley. También sería deseable la creación de un banco de recursos pedagógicos que facilite el conocimiento de las experiencias y materiales producidos en todo el Estado.

La sociedad no es democrática per se, sino que sus miembros han de estar alerta constantemente y han de luchar por preservar esos valores democráticos, por avanzar cada día y por transmitir a las generaciones futuras esa conciencia forjada a partir de miles de experiencias de quienes nos antecedieron y lucharon y murieron por querer un mundo libre y democrático. Su ejemplo, su historia, sus nombres… han de ser recordados porque son la vacuna con la que inmunizar a nuestra sociedad actual frente al virus del odio que necesita la extrema derecha para crecer y triunfar.

Las entidades memorialistas aquí reunidas, como asociaciones con una conciencia crítica y un ánimo participativo que les impulsan a actuar dentro de las sociedades en las que viven y se desarrollan, no pueden ni deben callar ante la degradación de la democracia en nuestros países (tanto en Francia como en España) y en el mundo. Por eso, hacen un llamamiento a la paz y al cese de toda violencia, apostando por una solución pacífica de los conflictos, promoviendo el desarme y el diálogo como cauces para la construcción de un futuro mejor para las generaciones venideras. La democracia está en peligro porque quienes no creen en ella tratan de subvertirla promoviendo discursos de odio e intolerancia, mensajes contra los y las que ya lucharon, combatientes por la libertad cuya memoria queremos preservar y extender. Nosotras y nosotros, que sabemos porque con anterioridad otras y otros ya lo vivieron y nos legaron su memoria, tenemos que gritar bien alto, como decía Primo Levi, que “El fascismo es un cáncer que prolifera rápidamente y nos amenaza con una recidiva: ¿es demasiado pedir que nos opongamos a él desde el principio?

Portbou, 9 de octubre de 2022

ENTIDADES FIRMANTES: ACEPF (Associació Catalana d’Expresos Polítics del Franquisme); AFFNA36 (Asociación de Familiares de Fusilados de Navarra36); Amical Antics Guerrillers de Catalunya; Amical de les Brigades Internacionals de Catalunya; Amical de Mauthausen y otros campos y de todas las víctimas del nazismo de España; Amical du Camp de Gurs ; Asociación Txinparta-Fuerte San Cristóbal RMC; Ay Carmela ; Caminar (Coordination Nationale d’Organisations Mémorielles des Descendants et Amis de l’Espagne Républicaine) ; Coordinadora Provincial por la Recuperación de la Memoria Histórica de Burgos ; En Medio de Abril; Fundación 14 de abril; Fundación Bernardo Aladrén; La Barranca, Asociación para la Preservación de la Memoria Histórica en La Rioja; MER 64 ; MER 47 ; PAMA (Plataforma de Acción por la Memoria de Aragón); Passatges de Cultura Contemporànea; TML (Terres des Mémoires et de Luttes) ; Universidad Ciudadana de Huesca.

Version catalane

MEMÒRIA PER A LA CONSTRUCCIÓ I DEFENSA D’ UNA SOCIETAT DEMOCRÀTICA

Fa un any, la X Trobada Transfronterera d’Entitats Memorialistes, celebrada a la localitat francesa de Mauléon, va servir per debatre sobre el lloc de la Memòria en una societat democràtica que es veu amenaçada per la presència de discursos, actituds i comportaments d’extrema dreta, concloent que la memòria històrica ha de ser l’eix sobre el qual assentar una societat decidida i sincerament democràtica a partir de tres elements que es van treballar àmpliament: (1) una Llei de Memòria Històrica i Democràtica que inclogui la derogació o, almenys, la modificació de la Llei d’amnistia de 1977, que contempli la constitució d’una Comissió de la Veritat i que no ignori el dret a una reparació integral de les víctimes; (2) el necessari i ineludible desenvolupament de diverses mesures curriculars, organitzatives i formatives en  l’àmbit educatiu, de manera que es compleixin les previsions que en matèria educativa conté el projecte de Llei de Memòria; i (3) el compromís i la lluita per la igualtat de gènere, contra la ideologia patriarcal, a partir de la convicció que la memòria democràtica només podrà ser tal si és obertament feminista.

Ara, un any després, a la XI Trobada Transfronterera d’Entitats Memorialistes, celebrada a la localitat de Portbou, comprovem que aquesta amenaça de l’extrema dreta s’ha aguditzat i s’ha manifestat de forma impactant. Els resultats de les eleccions presidencials a França i legislatives a Itàlia han confirmat l’ascens de l’extrema dreta, d’inspiració clarament feixista en el cas d’Itàlia, unint-se als casos d’Hongria, Polònia i Eslovàquia en el si d’una Unió Europea que té una gran responsabilitat en l’ascens de l’extrema dreta per les seves polítiques ultraliberals al servei del capitalisme, impedint la construcció d’una Europa social democràtica. És cert que les eleccions legislatives a França van ser de signe molt diferent, ja que l’esquerra, la Nova Unió Ecològica i Social, “NUPES”, sobre la base d’un “Programa Compartit de Govern”, es va fer amb el segon lloc en obtenir 131 escons; no obstant, per primera vegada l’extrema dreta va aconseguir 89 escons, de manera que el seu ascens s’intensifica amb cada elecció, igual que l’índex d’abstenció. És una característica dominant de les eleccions a Europa, que va de la mà de l’empitjorament de la situació social, la pèrdua de confiança i els referents polítics lligats a les polítiques governamentals cada vegada menys democràtiques i socials. Mentrestant, a Xile l’esquerra va aconseguir alçar-se amb el triomf electoral, i al Brasil Lula da Silva ha obtingut el major percentatge de vot, tot i que insuficient per guanyar a la primera volta. Però el perill no només roman, sinó que creix dia a dia, en un context de crisi social, econòmica i ecològica que s’ha vist aguditzat i accelerat per la invasió russa d’Ucraïna, que ha generat, a més, una important crisi humanitària, amb milions de persones refugiades fugint del seu país, cosa que ha servit per posar de manifest el doble raser europeu en tractar l’assumpte de la immigració i les persones refugiades.

És precisament en aquesta conjuntura que la Memòria Històrica, Democràtica i Antifeixista, que entronca directament amb la defensa i promoció dels Drets Humans, s’ ha de desplegar com a antídot davant els discursos de l’ odi i l’ exclusió; ha de convertir-se en la consciència democràtica d’ una societat que sàpiga així oposar-se als intents dels qui volen excloure i expulsar totes les persones que no encaixen en el seu estret motlle racista, heteropatriarcal i reaccionari. També s’ha d’oposar als qui blanquegen aquests discursos, o els banalitzen, com ha succeït recentment a França amb l’entrevista a Pío Moa i l’acollida de les seves falsedats sobre la República i la guerra, o les argumentacions en contra de la Llei de Memòria, fundades en el revisionisme d’autors que qüestionen els fets ja acreditats per la historiografia, permetent que s’expandeixin sense objeccions ni traves.

Per això, és lamentable que a Espanya el projecte de Llei de Memòria Democràtica hagi romàs estancat en una llarga i exasperant tramitació parlamentària, ara per fi aprovat al Senat, si bé amb el vot en contra de tota la dreta, que ja porta temps amenaçant de derogar-la quan arribi al govern. Un cop entri en vigor, és imprescindible que comencin a aplicar-se els seus preceptes i que es doti pressupostàriament per fer realitat les seves previsions.

 

En aquest marc d’incerteses i perills, les entitats memorialistes ens hem tornat a reunir, aquesta vegada a Portbou, els dies 7, 8 i 9 d’octubre de 2022, per seguir treballant en la proposta i elaboració col·lectiva en matèria de Memòria Històrica, Democràtica i Antifeixista, amb el desig d’aportar elements que contribueixin a fer de la Memòria un dels pilars sobre els quals construir les nostres democràcies i consolidar així societats obertes i plurals que protegeixin tots i cadascun dels seus integrants sense exclusions ni explotació de cap tipus.

 

Durant aquests dies, hem debatut sobre els llocs fronterers de memòria com a espais de trobada i de transmissió de la veritat; i sobre els arxius com a llocs de memòria i de construcció d’aquesta memòria. També hem recordat l’abolicionisme de la prostitució durant la II República espanyola i hem aprofundit en la imprescindible transmissió intergeneracional de la Memòria.

 

A la vista de tot això, volem manifestar:

 

1.       Que les diferents Administracions i les associacions memorialistes han de treballar coordinadament en la posada en marxa d’iniciatives i en el desenvolupament de les seves accions, cadascuna en el marc de les seves competències, per tal d’evitar solapaments o comportaments que, en ocasions, generen frustracions o que, fins i tot, poden determinar la pèrdua d’espais de treball necessaris per a la pervivència de les associacions.

  • Que els arxius i l’accés als mateixos són un element clau en la construcció de la Memòria i en la recuperació de les veus perdudes, de les quals la Memòria Històrica ha d’esdevenir l’instrument que les reivindiqui. És ineludible el compromís de les Administracions amb competències en la matèria per dotar de mitjans humans i econòmics els Arxius públics, de manera que puguin complir amb aquesta tasca elemental, així com en la col·laboració econòmica perquè les associacions puguin mantenir els seus fons. Els arxius es conceben com un espai totalment indispensable per a la construcció i el manteniment d’ una societat democràtica a partir de l’ articulació del dret a la informació i, sobretot, de l’ accés a aquesta informació, composta per documents i fons que són, en definitiva, de tota la ciutadania. Les associacions exigeixen la preservació i protecció d’ aquest llegat conforme a la normativa internacional en matèria d’ arxius i Drets Humans. En aquest paper de vigilància i impuls, les associacions de memòria han de jugar un paper fonamental per fer que les Administracions compleixin i facin dels arxius aquesta eina educativa contra l’oblit i el revisionisme que demanava Pablo de Greiff.
  • Que cal reivindicar també les veus de les dones i reclamar com a principi articulador per a una societat plenament democràtica el de la sororitat, que, juntament amb el de la igualtat, va inspirar moltes dones a lluitar davant els models tradicionals que pretenien relegar-les a un paper secundari i subaltern. L’actuació de la II República, amb els seus assoliments que no queden entelats per les ombres que també hi ha, suposa una inspiració a partir de la qual alimentar les forces amb les quals afrontar els desafiaments que ens planteja el nostre temps present.
  • La matèria educativa, sempre present en les diverses Trobades Transfrontereres, ha anat avançant gràcies al treball de les associacions, tot i que encara està molt lluny d’aconseguir-se que la Memòria sigui un eix educatiu com venim reclamant; en aquest sentit, la Llei recentment aprovada és una oportunitat que no es pot perdre i les associacions estarem especialment vigilants en el seu compliment i posada en marxa de la regulació que hi es conté. Així, el desenvolupament curricular, programes de formació del professorat i la possibilitat de crear equips interdisciplinaris formats per professorat i associacions memorialistes que facilitin el coneixement dels valors republicans poden ser instruments a utilitzar per assolir i millorar els objectius marcats a la Llei. També seria desitjable la creació d’ un banc de recursos pedagògics que faciliti el coneixement de les experiències i materials produïts a tot l’ Estat.

La societat no és democràtica per se, sinó que els seus membres han d’estar alerta constantment i han de lluitar per preservar aquests valors democràtics, per avançar cada dia i per transmetre a les generacions futures aquesta consciència forjada a partir de milers d’experiències dels qui ens van antecedir i lluitar i van morir per voler un món lliure i democràtic. El seu exemple, la seva història, els seus noms… han de ser recordats perquè són la vacuna amb què immunitzar la nostra societat actual davant el virus de l’odi que necessita l’extrema dreta per créixer i triomfar.

Les entitats memorialistes aquí reunides, com associacions amb una consciència crítica i un ànim participatiu que els impulsen a actuar dins de les societats en què viuen i es desenvolupen, no poden ni han de callar davant la degradació de la democràcia als nostres països (tant a França com a Espanya) i al món. Per això, fan una crida a la pau i al cessament de tota violència, apostant per una solució pacífica dels conflictes, promovent el desarmament i el diàleg com a vies per a la construcció d’un futur millor per a les generacions venidores. La democràcia està en perill perquè els qui no hi creuen tracten de subvertir-la promovent discursos d’odi i intolerància, missatges contra els i les que ja van lluitar, combatents per la llibertat la memòria de la qual volem preservar i estendre. Nosaltres, que sabem perquè amb anterioritat d’altres ja ho van viure i ens van llegir la seva memòria, hem de cridar ben fort, com deia Primo Levi, que: “El feixisme és un càncer que prolifera ràpidament i ens amenaça amb una recidiva: és massa demanar que ens hi oposem des del principi?”

Portbou, 9 d’octubre de 2022.

ENTITATS SIGNANTS: ACEPF (Associació Catalana d’Expresos Polítics del Franquisme); AFFNA36 (Asociación de Familiares de Fusilados de Navarra36); Amical Antics Guerrillers de Catalunya; Amical de les Brigades Internacionals de Catalunya; Amical de Mauthausen y otros campos y de todas las víctimas del nazismo de España; Amical du Camp de Gurs ; Asociación Txinparta-Fuerte San Cristóbal RMC; Ay Carmela ; Caminar (Coordination Nationale d’Organisations Mémorielles des Descendants et Amis de l’Espagne Républicaine) ; Coordinadora Provincial por la Recuperación de la Memoria Histórica de Burgos ; En Medio de Abril; Fundación 14 de abril; Fundación Bernardo Aladrén; La Barranca, Asociación para la Preservación de la Memoria Histórica en La Rioja; MER 64 ; MER 47 ; PAMA (Plataforma de Acción por la Memoria de Aragón); Passatges de Cultura Contemporànea; TML (Terres des Mémoires et de Luttes) ; Universidad Ciudadana de Huesca.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Retour en haut