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JOURNÉES CAMINAR 2014 – La mémoire historique en Navarre

La loi de mémoire historique

On nous avait dit au début que nous devions expliquer les clés de l’élaboration de la loi de mémoire historique mais hier le contexte, le lieu (la Mairie de Toulouse) ne se prêtaient pas à ce genre d’explication, alors certains m’ont demandé que je l’explique ici en deux petites minutes. Avant l’adoption de la loi, je crois qu’il est important de comprendre ce qui caractérise l’association des familles qui est celle qui a donné l’impulsion et qui a créé un contexte favorable pour que les institutions adoptent cette loi.

Contexte de la loi de mémoire historique

Je crois qu’il y a surtout quatre caractéristiques importantes dans l’association : sa forte personnalité, des idées consolidées, de bonnes réflexions, solides, élaborées durant douze années de débats et de consensus. Par ailleurs, pour les partis de gauche ou pour l’univers de la gauche, la mémoire est un lieu commun. Dans d’autres débats, Victor* et moi pourrions nous affronter. Mais dans celui de la mémoire nous sommes d’accord et cela est très important. L’association a été une référence publique, c’est-à-dire qu’elle a beaucoup de prestige là-bas en Navarre, les institutions nous appellent ou appellent l’association pour lui poser des questions et nous jouons sur deux tableaux vis à vis des institutions et je crois que c’est ce que vous faites aussi avec Caminar, non ? La collaboration avec les institutions et la pression, les deux choses. Et puis, je crois qu’il est important de savoir que cette association est un cas d’école, c’est un mouvement social utile aux familles, car quand une famille a un problème, elle vient à l’association et on lui trouve une solution. Et c’est très important qu’une association soit utile : « je voudrais l’acte de décès de mon père », « je voudrais que tu m’obtiennes dans les archives … », nous y allons et leur trouvons les pièces demandées, donc l’utilité.

Nous nous centrons sur les victimes comme référence sociale et l’association bénéficie d’un poids éthique conséquent qui nous donne cette légitimité face à la société et à ceux qui nous critiquent ; la composante éthique des droits humains, de la douleur, envers ceux qui ont souffert, le droit à la vie, tout cela nous donne une grande légitimité. Il y a un environnement favorable à la mémoire historique en Navarre pour différentes raisons, du fait des travaux de ces trente dernières années, du fait de la pression sociale, du fait de beaucoup de choses ; voici ce que nous nous avons fait et le rôle que Pamplona et Maria Caballeros a joué ; Maria Caballeros est une conseillère dont le père a été tué par l’ETA ; elle a donc été très réceptive à notre thème ; nous avons profité de cette faille dans la droite locale pour la persuader de nous rejoindre et nous nous sommes immiscés, avons généré des débats contradictoires, parce que cette femme était vraiment sensibilisée par sa douloureuse histoire avec l’ETA et elle nous a appuyés et cela a provoqué entre eux beaucoup de discussions et d’affrontements.

Alors, ce que nous avons fait, c’est profiter de cette faille qui se présentait. Et le résultat a été la normalisation du fait de la mémoire historique. Puis, Victor l’a dit l’autre jour, il y a eu une déclaration en 2003 au Parlement de Navarre, puis la loi de mémoire historique de l’Etat, puis des plaques que les petites municipalités se mettaient à poser ; tout cela a créé un environnement favorable à la mémoire historique, vous voyez? Ce que nous voulions quand nous étions en train de rédiger la loi de mémoire historique c’était corriger les erreurs de la loi de l’Etat, mettre en évidence notre version, notre vérité ; autrement dit, c’est la première fois qu’en Espagne une loi explique ce qui s’est passé en Navarre par exemple ; nous voulions combler un vide juridique, la mémoire comme base d’une culture de la paix et du respect, c’est une loi qui a beaucoup de réflexions éthiques, entre les lignes, et qui est pionnière en Espagne.

J’en arrive à la fin de mon intervention. Il y a surtout trois blocs, l’exposé des motifs et c’est là que nous critiquons l’oubli qu’il y a eu, l’appui massif à ce que nous accomplissons, et surtout le bloc numéro deux qui est le plus important et qu’Olga* va donc développer plus longuement : le gouvernement va faire une banque d’ADN afin que, quand nous trouvons des restes nous puissions les localiser ; il va payer les exhumations, il a déjà fait une carte des fosses et à Pamplona, une sépulture a été faite dans le cimetière, payée par la ville, pour enterrer les nôtres. De plus, on va protéger le Parc de la Mémoire que vous voyez sur la photo du haut et ici le Fort San Cristóbal et toutes les constructions que les esclaves du franquisme ont faites, des panneaux explicatifs les signaleront. Et ce que la loi fait aussi c’est retirer tous les symboles et les légendes (du franquisme), elle crée un centre documentaire de mémoire historique en Navarre et entre dans le cadre de l’éducation scolaire. Ce qui a déjà été fait, la loi a été adoptée en décembre (2013) et donc un certain nombre de choses ont été réalisées ; par exemple, le gouvernement de Navarre a demandé au gouvernement espagnol qu’il annule les procès franquistes ; nous parlons ici d’un gouvernement de droite, celui de Navarre, et il demande au gouvernement espagnol qu’il annule les procès ; il a déjà construit une sépulture à Pamplona pour les républicains que nous pourrions déterrer ; il a déjà posé ou va poser une plaque dans le Parlement et le Gouvernement de Navarre en l’honneur des fonctionnaires et des conseillers assassinés et il a créé une commission sur la mémoire historique, dont Victor et Olga sont membres, pour coordonner tout cela.

Les idées-forces pour moi? Et bien, du travail fait loin des cris et du maximalisme, un travail rigoureux, tranquille, apaisé, avec beaucoup d’heures de réflexion, un travail de fourmi, souvent dans l’ombre, un travail serein et constant et un processus de douze années qui nous a permis de changer petit à petit les mentalités de la société navarraise ; voilà les clés de la loi.

Joseba Ezeolaza*

* Joseba Ezeolaza est membre de l’association AFFNA 36 ; il a été mais ne l’est plus, élu au Parlement de Navarre, il est membre du parti politique Izquierda-Ezkerra (coalition formée par Izquierda Unida de Navarra, Batzarre, Los Verdes-Grupo Verde, Plataforma Navarra por el Cambio)

* Victor Rubio est élu au Parlement de Navarre sous l’étiquette du parti Bildu (coalition politique indépendantiste basque de gauche) ; il est également membre de AFFNA 36.

* Olga Alcega est présidente de l’association AFFNA-36 (Association des familles de fusillés, assassinés et disparus en Navarre en 1936).

Nos habían dicho al principio que teníamos que explicar las claves de la ley de memoria histórica pero ayer, el contexto, el sitio, no pedía ese tipo de explicación, entonces alguno me ha pedido que lo explique en dos minutitos. Bueno pues antes de la aprobación de la ley, yo creo que es importante entender los rasgos de la asociación de familiares que es la que impulsó y la que creó un contexto favorable para que las instituciones la aprobaran. Yo creo que sobre todo hay cuatro características de la asociación que son importantes: El carácter que es un carácter fuerte, unas ideas consolidadas unas buenas reflexiones, sólidas, hechas durante doce años de debates y de consenso. Después, para los partidos de izquierda o para el universo de la izquierda, la memoria es un lugar común. En otros debates, Víctor* y yo, podríamos chocar. Pero en éste de la memoria más o menos estamos de acuerdo y eso es muy importante. La asociación ha sido una referencia pública, es decir tiene mucho prestigio allá en Navarra, las instituciones nos llaman o le llaman a la asociación para preguntarle cosas y combinamos una doble mirada con las instituciones que yo creo que es lo que vosotros hacéis, no? La colaboración con las instituciones y la presión, las dos cosas.

Entonces, yo creo que es importante tener en cuenta que la asociación es un movimiento social de libro o sea es el típico movimiento social que es útil para las familias, que cuando una familia tiene un problema viene a la asociación y se lo solucionamos. Entonces eso es muy importante que una asociación sea útil; “quiero la partida de defunción de mi padre”, “quiero que me consigas en el archivo…” pues nosotros vamos y se lo conseguimos, la utilidad. El centro son las victimas como referencia social para nosotros y la asociación tiene un fuerte peso ético como mirada que nos da legitimidad frente a la sociedad y a los que nos critican: el componente ético de los derechos humanos, del dolor, hacia quien ha sufrido, el derecho a la vida, nos da mucha legitimidad.

Hay un ambiente pro memoria histórica en Navarra por diferentes cosas, por los trabajos de los últimos treinta años, por la presión social, por un montón de cosas; nosotros lo que hicimos es, pongo ahí el papel de Pamplona y de María Caballeros; María Caballeros es una concejala que ETA mató a su padre, entonces ella era sensible a nuestro tema; nosotros aprovechamos esa grieta que había en la derecha para persuadirle hacia nuestro tema y rompimos entre ellos generamos contradicción, porque esta chica sí que era sensible a nosotros por lo que había sufrido con su historia de ETA y nos apoyó y eso provocó entre ellos mucho debate, muchos enfrentamientos. Entonces nosotros lo que hicimos es, aprovecharnos de esa grieta que se planteaba. Y eso hizo que se normalizara el hecho de la memoria histórica.

Luego, ya Víctor el otro día lo dijo, hubo una declaración ya en el 2003 en el Parlamento de Navarra, luego la ley de memoria histórica estatal y luego placas que los pequeños ayuntamientos iban poniendo; todo eso generó un ambiente a favor de la memoria histórica ¿vale?

Nosotros lo que queríamos cuando redactábamos la ley de memoria histórica era corregir los fallos que tenia la ley estatal, dejar claro cuál era nuestro relato, nuestra verdad, o sea es la primera vez que en España una ley explica qué es lo que ocurrió en Navarra por ejemplo; colmar un vacio de justicia, la memoria como base para una cultura de la paz y el respeto, es decir que es una ley que tiene muchas reflexiones éticas, entre líneas, y que es pionera en España. Ya voy terminando. Hay sobre todo tres bloques, la exposición de motivos, que allí es donde se critica el olvido que hubo, el apoyo rotundo a lo que nosotros hacemos, y sobre todo el bloque dos que es el más importante, que es igual el que más se va a entretener Olga*, que es que el gobierno va a hacer un banco de ADN para, si se consigue recuperar restos, pues localizarlos, va a pagar las exhumaciones, ya ha hecho un mapa de fosas y en Pamplona se ha hecho un enterramiento en el cementerio pagado por el ayuntamiento para enterrar a los nuestros. Además se van a proteger el parque de la memoria, que es la foto de arriba y éste es el fuerte San Cristóbal y todas las obras que hicieron los esclavos del franquismo se van a señalizar y se van a proteger.

Y lo que hace la ley también es retirar todos los símbolos y leyendas, crea un centro documental de memoria histórica en Navarra y entra en el ámbito educativo de los colegios. Lo que ya se ha hecho, se aprobó en diciembre, entonces ya se han ido cumpliendo algunas cosas; por ejemplo el gobierno de Navarra le ha pedido al gobierno de España que anule los juicios franquistas, estamos hablando del gobierno de Navarra que gobierna la derecha eh… le ha pedido al gobierno español que anule los juicios; ya ha construido un enterramiento en Pamplona para los republicanos que vayamos desenterrando; ya ha puesto o va a poner una placa en el parlamento y en el gobierno de Navarra por los funcionarios, los nombres de los funcionarios asesinados y de los concejales asesinados y ha creado una comisión de memoria histórica, de la que son miembros Víctor y Olga para coordinar todo esto.

¿Las ideas claves para mí? Pues que ha habido un trabajo lejos de los gritos y el maximalismo, un trabajo riguroso, tranquilo, sosegado, con muchas horas de reflexión, un trabajo de hormiga, un trabajo pequeñito, muchas veces en la sombra, un trabajo sereno y constante y un proceso de doce años que hemos ido cambiando las mentalidades de la sociedad navarra; éstas son las claves de la ley. Gracias.

Joseba Ezeolaza*

* Joseba Ezeolaza es miembro de la asociación AFFNA 36 ; ha sido pero ya no es, parlamentario en Navarra, está afiliado al partido político Izquierda-Ezkerra (coalición formada par Izquierda Unida de Navarra, Batzarre, Los Verdes-Grupo Verde, Plataforma Navarra por el Cambio)

* Víctor Rubio es Parlamentario en Navarra afiliado al partido Bildu (coalición política independentista vasca de izquierda); es también miembro de AFFNA 36.

* Olga Alcega es presidenta de la asociación AFFNA-36 (Asociación de familiares de fusilados, asesinados y desaparecidos en Navarra en 1936).

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